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Réflexions au jour le jour sur le révolutionnaire Louis de Saint-Just, son œuvre et son action politique

  Je consacre depuis vingt ans mes recherches à Saint-Just, son éloquence et ses idées en faveur d’une organisation sociale égalitaire. Sur ce blog, je publie des textes qui, pour la plupart, sont de courtes enquêtes à partir des écrits de Saint-Just ou de documents d’époque permettant de mieux le connaître. Il complète mon site Internet où sont rendus compte de mes livres et articles scientifiques consacrés à Saint-Just.       Formulaire pour me contacter
Articles récents

Rabelais tel qu'a pu le lire Saint-Just

Dans un chapitre de ses Mémoires Élisabeth Le Bas narre avec émotion les attentions que Saint-Just eut envers elle alors qu’elle se rendait en Alsace avec le jeune Conventionnel et son mari pour leur mission auprès de l’armée du Rhin. Nous sommes en octobre 1793 [1] . Il a neigé, le trajet est difficile et la lourde voiture qui conduit à Saverne les quatre passagers – les deux Conventionnels, Élisabeth et sa jeune belle-sœur Henriette qui lui tient compagnie – tangue dangereusement. Le trajet paraît d’autant plus dangereux à la jeune épouse de Le Bas qu’elle est enceinte de cinq semaines (Philippe Le Bas jeune naîtra le 17 juin 1794) et qu’elle craint une fausse-couche... On trouvera aux pages 131-134 de ses Mémoires [2] la peinture très vivante qu’Élisabeth Le Bas a faite des conditions dans lesquelles se déroula ce voyage : elle y rapporte l’intervention de Robespierre auprès de Saint-Just pour qu’il autorise les deux jeunes femmes à les accompagner en mission et les conditions

Louis, Antoine, Léon ou Florelle  ? Mise au point sur les prénoms de Saint-Just

 Comment Saint-Just se prénommait-il ? Le moins que l’on puisse dire est qu’existe sur ce sujet un certain flottement en dépit de l’article que Maurice Dommanget lui a consacré en 1963 [1] . Ainsi, la notice sur Saint-Just de la Bibliothèque nationale de France le prénomme « Louis-Antoine-Léon » mais Wikipédia « Louis Antoine » dans l’intitulé de l’article, puis « Louis Antoine Léon » alternativement avec « Louis Antoine » ailleurs dans la page Internet. On retrouve les mêmes hésitations dans les biographies de Saint-Just. Lorsque le révolutionnaire n’y est pas désigné par son nom de famille, elles l’appellent « Louis-Antoine » ou bien « Antoine » [2] . Le premier biographe de Saint-Just, Edouard Fleury, a pour sa part écrit de façon péremptoire que « Saint-Just possédait quatre prénoms : Louis-Léon-Antoine-Florelle » [3] . Ce sont donc quatre prénoms ainsi que plusieurs associations en prénoms composés qui sont employés pour désigner Saint-Just. Après avoir précisé l’origine de

Saint-Just et l’éloquence révolutionnaire, de la théorie à la pratique

Viennent de paraître aux éditions Classiques Garnier les Actes du colloque Éloquences révolutionnaires et traditions rhétoriques qui s’était tenu par visioconférence en mai 2021. J’y avais présenté une communication intitulée « Saint-Just et l’éloquence révolutionnaire, de la théorie à la pratique  » dans laquelle je montrais que le jeune révolutionnaire a sciemment modifié sa technique oratoire entre ses premières interventions à la Convention que sont le discours sur le procès de Louis XVI et celui sur les subsistances de novembre 1792, et ses grands discours de l’année 1794 (rapports dits de ventôse, rapports contre les factions, rapport sur la police générale, discours du 9 Thermidor). La dernière partie de ma communication portait sur l’éloquence de Saint-Just lors de ses missions qui, si elle resta limitée en nombre d’interventions, n’en fut pas moins frappante.              Voici le résumé de mon article tel qu’il est publié dans les Actes de ce colloque : « La réflexion su

Sur la datation de l’« Esprit de la Révolution et de la Constitution de France »

Pour plusieurs de ses écrits, Saint-Just a tenu à indiquer quand il en avait débuté la rédaction, en précisant de surcroît les circonstances qui l’avaient incité à les entreprendre. C’est le cas pour son Projet d’institutions républicaines qui, ainsi que je l’ai montré dans mon mémoire de thèse [1] , a été rédigé à partir de début avril 1794, après « la destruction des factions » hébertistes et dantonistes,   ainsi que Saint-Just l’écrit dans le manuscrit. De même, l’ Avant-Propos ouvrant son essai politique Esprit de la Révolution et de la Constitution de France donne une information sur la date à laquelle il commença sinon à rédiger son livre, du moins à en mûrir le projet. Il y écrit en effet : « Un Anglais m’en donna l’idée [comprendre : l’idée de ce livre] : ce fut M. de Cugnières , de la société philanthropique de Londres, dans une lettre savante qu’il écrivit à M. Thuillier , secrétaire de la municipalité de Blérancourt, quand elle brûla la déclaration du clergé. » [2] La

Un lieu parisien fréquenté par Saint-Just, la « galerie de bois » du Palais-Royal

Le Palais-Royal, près du Louvre, est un lieu où Saint-Just paraît s’être fréquemment rendu avant septembre 1792 et son élection à la Convention nationale. C’est rue Fromenteau, donnant place du Palais Royal qu’il trouva refuge en 1786 lorsqu’il fuit le domicile familial de Blérancourt pour des raisons peu claires [1] .   Surtout, c’est au Palais-Royal qu’en 1790 tenait boutique le libraire qui se chargea de faire imprimer son premier essai politique, l’ Esprit de la Révolution et de la Constitution de France . Si une correspondance s’établit entre les deux hommes pour la publication de l’ouvrage, Saint-Just dut aussi lui faire des visites, peut-être nombreuses, pour qu’ils s’accordent sur la forme et les conditions de cette publication. Dans l’article précédent , nous avons vu que la boutique de Beuvin – c’est le nom du libraire – ne se trouvait pas sous les belles arcades qui entourent les côtés est, nord et ouest du jardin de Palais-Royal, mais au numéro 266 de « la galerie de b