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Articles

Affichage des articles associés au libellé Convention nationale

Quelques mots sur le Marat assassiné de Bruxelles

Il y aurait tant à dire sur le Marat assassiné qu’a peint David ! Ce tableau, le plus beau que nous ait légué la Révolution, ne peut véritablement être admiré qu’à Bruxelles. Les photographies, en effet, ne lui rendent pas justice, et les copies de son atelier, celle du Louvre y compris, échouent à faire naître l’émotion puissante que provoque l’œuvre de David. Cette émotion est d’autant plus forte qu’au Musée royal des Beaux-Arts de Belgique où il est exposé (un musée royal pour le portrait d’un régicide par un régicide  !), le tableau de David est accroché à part sur un mur dont la teinte vert d’eau paraît choisie pour s’harmoniser avec lui. Le visiteur peut ainsi s’isoler dans un dialogue avec l’œuvre et, grâce à la beauté du dessin de David, à la force de sa composition et aux choix des détails – la lettre de Corday et le billet de Marat, les planches en sapin du billot, le drap raccommodé et, tout en bas, le couteau posé au sol dont l’ivoire taché de sang contraste avec la...

Le style de Saint-Just : essai de microlecture

Mon précédent article s’intéressait aux dernières semaines et, peut-être, derniers jours de l’existence de Saint-Just. J’y étudiais le célèbre passage commençant par « Je méprise la poussière qui me compose » afin de déterminer quels rapports à soi, à la mort mais aussi au rôle qui était le sien dans la Révolution eut Saint-Just durant cette période cruciale de sa vie. Je me propose d’examiner ici ce passage d’un autre point de vue puisque je chercherai à établir à partir des ratures du manuscrit le cheminement de la pensée du jeune Conventionnel lorsqu’il écrivit ces phrases. Cette étude pour laquelle j’ai utilisé le terme de microlecture dû à Jean-Pierre Richard [1] permettra aussi de mettre en évidence certains aspects de l’art oratoire de Saint-Just ainsi que son talent de styliste. Pour que l’examen du passage soit complet, l’étude de ses ratures sera précédée d’une analyse matérielle du manuscrit. Les phrases qui nous intéressent ont été notées sur un feuillet du P...

"La vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux" : Saint-Just et le souci de soi

Plusieurs passages des manuscrits de Saint-Just datant des jours ou des semaines qui précédèrent le 9 Thermidor évoquent directement les attaques auxquelles il est en butte et le risque mortel qu’elles lui font courir. Le plus connu est celui dans lequel le jeune révolutionnaire déclare « mépris[er] la poussière qui [le] compose » et sa certitude d’une destinée posthume « dans les siècles et dans les cieux ». Ces lignes n’ayant pas fait l’objet d’une étude, je me propose de les examiner ici en m’intéressant à ce qu’elles révèlent du rapport que Saint-Just entretenait avec lui-même et avec sa notoriété. Nous verrons que sa pensée relève d’une conception singulière du souci de soi défini par Michel Foucault comme la connaissance mais aussi la transformation de soi par soi permettant à l’individu de se constituer comme sujet [1] . Ce passage est porté sur un feuillet que la Bibliothèque nationale de France conserve dans le même volume que le manuscrit du Projet d’i...