Il y aurait tant à dire sur le Marat assassiné qu’a peint David ! Ce tableau, le plus beau que nous ait légué la Révolution, ne peut véritablement être admiré qu’à Bruxelles. Les photographies, en effet, ne lui rendent pas justice, et les copies de son atelier, celle du Louvre y compris, échouent à faire naître l’émotion puissante que provoque l’œuvre de David. Cette émotion est d’autant plus forte qu’au Musée royal des Beaux-Arts de Belgique où il est exposé (un musée royal pour le portrait d’un régicide par un régicide !), le tableau de David est accroché à part sur un mur dont la teinte vert d’eau paraît choisie pour s’harmoniser avec lui. Le visiteur peut ainsi s’isoler dans un dialogue avec l’œuvre et, grâce à la beauté du dessin de David, à la force de sa composition et aux choix des détails – la lettre de Corday et le billet de Marat, les planches en sapin du billot, le drap raccommodé et, tout en bas, le couteau posé au sol dont l’ivoire taché de sang contraste avec la plu