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À propos d’un hymne sur la victoire de Fleurus

Comme je fais actuellement des recherches en rapport avec la phrase des Institutions républicaines qui porte que « le prix de la poésie ne sera donné qu’à l’ode et à l’épopée », je me suis intéressée au poète Ponce-Denis Écouchard-Lebrun (1729-1807) qui jouissait sous la Révolution d’une telle réputation qu’il a pu être considéré comme le « Pindare français ».

D’Écouchard-Lebrun, on connaît l’Ode sur le Vaisseau « Le Vengeur » souvent reproduite dans les manuels de littérature et qui fut mise en musique par Charles-Simon Catel (1773-1830). Écouchard-Lebrun écrivit tardivement cette Ode, plusieurs mois après la bataille du 13 prairial an II (1er juin 1794), en sorte que Saint-Just n’a pu l’entendre. En revanche, un autre poème d’Écouchard-Lebrun pour lequel Catel se chargea aussi de la musique fut interprété dans des circonstances qui rendent très vraisemblable que Saint-Just l’ait connu. Ce poème est l’Hymne à la Victoire, sur la bataille de Fleurus qui, nous apprend une source [1], fut entonné le 16 messidor an II (4 juillet 1794) « au Concert du Peuple » aux Tuileries. Comme le Pavillon de Flore, où siégeait le Comité de salut public, donnait sur ce jardin, il est possible que Saint-Just, l’un des artisans de la victoire de Fleurus, soit allé l’écouter ou, du moins, qu’il l’ait entendu depuis la fenêtre de l’une des pièces qu’occupait le Comité…

On trouvera à cette adresse le texte d’Écouchard-Lebrun et à cette autre une interprétation de l’hymne qui diffère quelque peu de celle qui fut donnée le 16 messidor [2]. Une version de l’Hymne à la Victoire, sur la bataille de Fleurus avec partition publiée en thermidor an II est également consultable sur Gallica (cinquième pièce musicale, page 385).

Les recherches qui ont été faites sur cet hymne [3] permettent de préciser que c’est à trois reprises que Saint-Just put l’entendre : le 11 messidor an II, à son retour de Fleurus, sous une forme réduite ; le 16 messidor, lorsqu’il fut chanté pour la première en entier « avec accompagnement de flûtes et clarinettes, trompettes et cors en ut, bassons, serpent et trombone basse » ; enfin, le 26 messidor an II (14 juillet 1794), pour la célébration de la prise de la Bastille.



[1] Félix Clément, Les Musiciens célèbres depuis le seizième siècle jusqu’à nos jours, Paris, Hachette, 1878, p. 141.

[2] Sur les différentes versions de l’Hymne à la Victoire, sur la bataille de Fleurus, on se reportera à la somme de Constant Pierre, Les Hymnes et chansons de la Révolution (notices 65 et 66, p. 330-336). 

[3] Outre l’ouvrage de Constant Pierre, on peut citer cet article de Joann Élart paru dans les Annales historiques de la Révolution française (n° 379, janvier-mars 2015, p. 71-108).