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Disparition de l’historien Jean-Pierre Gross

C’est avec émotion que j’ai appris le décès de Jean-Pierre Gross. Cet éminent spécialiste de Saint-Just s’était fait connaître par ses travaux sur les missions du jeune Conventionnel à l’armée du Rhin et à l’armée du Nord. Deux articles publiés dans les Actes du Colloque de 1967 avait mis en lumière ses recherches sur Saint-Just représentant en mission [1]. Mais c’est la publication en 1976 de sa thèse Saint-Just, sa politique et ses missions [2] qui avait permis de réévaluer le rôle de Saint-Just dans l’élaboration de la stratégie militaire du Comité de salut public et l’organisation sur le terrain des victoires de l’an II. Saint-Just, sa politique et ses missions est malheureusement difficile à trouver chez les libraires mais je ne peux qu’en recommander la lecture tant cet ouvrage de référence est stimulant pour comprendre les idées et l’action révolutionnaires de Saint-Just.  

Si j’ai lu avec beaucoup d’intérêt son livre sur les missions de Saint-Just aux armées, c’est surtout son « Essai de bibliographie critique de Saint-Just », publié à la fin du volume des Actes du Colloque de 1967, qui continue de m’accompagner dans mes travaux en vue d’une édition scientifique des Œuvres complètes de Saint-Just. Cette bibliographie répertoriant les livres, discours, lettres et arrêtés rédigés par Saint-Just ou signés de lui, fruit des longues recherches de leur auteur dans les archives, est la plus complète à avoir été publiée. Les deux dernières éditions des Œuvres de Saint-Just en ont tiré la presque totalité de leurs inédits. Pour ma part, je m’y reporte chaque fois que je repère ou crois repérer un texte inconnu de Saint-Just, et je lis toujours avec utilité les arguments avancés par l’historien afin de dater ses manuscrits.

Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer personnellement Jean-Pierre Gross. En 2017, j’ai participé avec lui et trois autres historiens – Marc Belissa, Marisa Linton et Bernard Vinot – à la réflexion sur la place de Saint-Just dans l’histoire de la Révolution intitulée « Saint-Just, mémoires et histoire » qu’avaient organisée Laurent Brassart et Dominique Godineau. Toutefois, cette réflexion collective s’était déroulée à distance, chaque intervenant rédigeant séparément des réponses. L’année précédente, j’avais contacté Jean-Pierre Gross pour lui proposer de participer au Colloque Saint-Just du Bicentenaire prévu par l’Association pour la sauvegarde de la Maison de Saint-Just en 2017 à Soissons mais il avait décliné notre invitation. À ma connaissance, les derniers textes que Jean-Pierre Gross a consacrés à Saint-Just furent, en 1989, « Saint-Just et la Déclaration des droits de l’homme de 1793 » [3] et, en 2005, « La patrie selon Saint-Just ou la communauté des affections » [4].

Pour une présentation plus complète des livres et articles de Jean-Pierre Gross sur la Révolution française, on se reportera à l’article nécrologique rédigé par Marc Belissa pour la Société des Études Robespierristes.



[1] Jean-Pierre Gross, « Saint-Just en mission. La naissance d’un mythe » et « L’emprunt forcé du 10 brumaire an II et la politique sociale de Saint-Just », Actes du Colloque Saint-Just, Paris, Société des Études Robespierristes, 1968, respectivement p. 37-69 et p. 71-140.

[2] Jean-Pierre Gross, Saint-Just, sa politique et ses missions, Paris, Commission d’histoire économique et sociale de la Révolution française, 1976.

[3] Communication publiée dans les Actes du colloque Grandes Figures de la Révolution française en Picardie, Association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just, 1990, p. 171-188.

[4] Intervention au colloque de Nanterre du 22 janvier 2005 publiée dans Cosmopolitismes, patriotismes en Europe et aux Amériques (1773-1802), M. Belissa et B. Cottret dir., Rennes, Les Perséides, 2005, p. 77-90.