"La vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux" : Saint-Just et le souci de soi
Plusieurs passages des manuscrits de Saint-Just datant des jours ou des semaines qui précédèrent le 9 Thermidor évoquent directement les attaques auxquelles il est en butte et le risque mortel qu’elles lui font courir. Le plus connu est celui dans lequel le jeune révolutionnaire déclare « mépris[er] la poussière qui [le] compose » et sa certitude d’une destinée posthume « dans les siècles et dans les cieux ». Ces lignes n’ayant pas fait l’objet d’une étude, je me propose de les examiner ici en m’intéressant à ce qu’elles révèlent du rapport que Saint-Just entretenait avec lui-même et avec sa notoriété. Nous verrons que sa pensée relève d’une conception singulière du souci de soi défini par Michel Foucault comme la connaissance mais aussi la transformation de soi par soi permettant à l’individu de se constituer comme sujet [1].
Ce passage est porté sur un feuillet que la Bibliothèque nationale de France conserve dans le même volume que le manuscrit du Projet d’institutions républicaines [2], les deux premières phrases du feuilllet étant manifestement destinées à ce texte. Si celles-ci sont peu raturées, le passage dans lequel Saint-Just parle de lui-même comporte de multiples biffures et reprises montrant que le jeune révolutionnaire tenait particulièrement aux idées qu’il y a exprimées mais aussi qu’il ne parvint qu’avec difficulté à les formuler. Je reviendrai sur ces ratures dans un prochain article. Pour le sujet qui nous occupe, il suffira de noter que la lecture la plus probable du passage est la suivante : « Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle. On pourrait persécuter et faire mourir cette poussière, mais je défie qu’on m’arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux » (orthographe corrigée par moi).
On remarque l’absence du pronom personnel « la » placé devant « persécuter » dans les différentes éditions ayant publié ce passage [3]. L’examen du manuscrit montre en effet qu’il s’agit d’un ajout en interligne correspondant à une version ancienne de ce passage, ajout que Saint-Just a omis de barrer lorsqu’il eut fini de le remanier. La correction que j’ai opérée, qui relève du travail normal d’édition, s’impose d’autant plus que la conservation de ce pronom personnel a eu pour conséquence de rendre la syntaxe de la seconde phrase incorrecte [4].
Comme la plupart des phrases célèbres de Saint-Just, ce passage se distingue par la densité des idées exprimées et par un nombre élevé de procédés stylistiques. Il s’articule autour d’une utilisation paradoxale de l’antithèse vie-mort puisque le mot « vie » y désigne l’existence posthume tandis que la métaphore de la poussière est employée pour la personne bien vivante de Saint-Just écrivant ces lignes. Dans la première phrase et le début de la seconde, jusqu’à « cette poussière », le Conventionnel se déclare prêt à subir des persécutions et même à être assassiné car – le lien logique est sous-entendu – il n’accorde pas de valeur à son être physique. Les termes dont il se sert sont très forts, particulièrement les verbes arracher, qui insiste sur la violence de la mise à mort, et mépriser, qui exprime combien son existence en tant qu’individu lui importe peu. L’expression « faire mourir cette poussière » est également audacieuse dans la mesure où elle associe deux réalités normalement incompatibles, l’action de mourir, qui par définition ne concerne que les êtres vivants, et la « poussière », métaphore de la matière inanimée subsistant après la décomposition des corps.
La seconde phrase, à partir de la conjonction adversative « mais », oppose à l’être mortel et fini de Saint-Just deux formes de « vie » qui, contrairement à son existence physique, lui importent : sa renommée qui, affirme-t-il avec assurance, dépassera la période révolutionnaire pour atteindre les « siècles » à venir ; et une survie après la mort de nature religieuse, la notion de « cieux » renvoyant au Paradis. Deux nouvelles figures de style, le parallélisme de construction (avec la répétition de « dans les ») et la paronomase entre « siècles » et « cieux », ont permis à Saint-Just d’associer dans sa phrase ces formes très différentes d’existence après la mort. Cette double destinée posthume importait tant à Saint-Just qu’on la retrouve, exprimée en des termes différents, dans une note manuscrite [5] écrite vers la même époque dans laquelle il déclare : « Je n’ai plus devant les yeux que le chemin qui me sépare de mon père mort et des degrés du Panthéon ».
La dimension religieuse des deux énoncés frappe d’emblée. Plus discrète dans la dernière phrase où il est seulement question de son père que Saint-Just prévoit de retrouver dans l’au-delà [6], la croyance religieuse en une existence après la mort est claire dans le passage que nous étudions. Le lexique que le jeune révolutionnaire utilise est chrétien (« cieux », « poussière ») et le mépris ascétique qu’il affiche envers son corps rappelle également cette religion. Que la croyance de Saint-Just en une vie après la mort évoque le christianisme ne saurait étonner puisque le futur Conventionnel reçut durant son enfance une éducation catholique, d’abord dans sa famille (sa mère était très croyante) puis au collège Saint-Nicolas de Soissons tenu par les Oratoriens. Pour autant, il serait hasardeux de considérer comme chrétiennes ses convictions religieuses : les références à la Providence que contiennent les discours de Saint-Just de l’année 1794, mais aussi la distance satirique qu’il adopte à l’égard de cette religion dans Organt [7], indiquent que, comme nombre de ses contemporains, Saint-Just était déiste.
Le ton combatif et plein de fierté de la seconde phrase du passage, dans laquelle Saint-Just « défie » ses adversaires de le priver de l’existence posthume qu’il a méritée, s’accorde d’ailleurs mal avec la vertu chrétienne d’humilité. L’attitude qu’il affiche dans ce passage mais aussi certaines des expressions qu’il emploie (« je méprise », « je défie ») sont caractéristiques de la tragédie classique. On pensera particulièrement aux héros de Corneille et à la confiance en eux-mêmes qu’ils conservent dans l’adversité, par exemple à Médée qui, abandonnée de tous, répond à la suivante lui demandant quelles ressources lui restent contre ses ennemis : « Moi, dis-je, et c’est assez » [8]. Pour Paul Bénichou, c’est en se confrontant à l’infortune que l’orgueil cornélien atteint au « sublime », car « la résistance à la force ou aux événements […] met le vaincu, par la seule vertu, toute idéale, de la parole et du dédain, au-dessus de ce qui l’écrase » [9]. N’est-ce pas précisément cette forme de sublime propre aux tragédies cornéliennes que Saint-Just, passionné de théâtre avant la Révolution [10], atteint dans ce passage des Institutions républicaines ?
L’influence du lexique et de l’exaltation tragiques se fait nettement sentir dans ces lignes du jeune Conventionnel. Pour autant, la morale dont elles relèvent est étrangère à celle, aristocratique, des tragédies du règne de Louis XIV, fondée sur l’orgueil du lignage et la croyance en une supériorité innée. La philosophie morale dont le passage se rapproche le plus est l’éthique stoïcienne de maîtrise de soi et de culture de ses qualités innées afin, en façonnant sa vie, d’échapper aux réalités qui ne dépendent pas de nous. L’indifférence aux persécutions et à la mort que Saint-Just proclame dans ce feuillet se trouve au cœur de la morale stoïcienne. Le contenu et la syntaxe même de la deuxième phrase du révolutionnaire opposant détachement à l’égard du supplice et croyance en une vie posthume rappellent d’ailleurs de près la formulation antithétique de la célèbre dernière phrase du Manuel d’Épictète : « Anytos et Melétos peuvent me tuer mais ils ne peuvent me nuire » [11]. Cependant, de même que ces lignes ne traduisent pas une croyance dans les doctrines chrétiennes, on ne saurait conclure que Saint-Just souscrivait à l’éthique stoïcienne. En particulier, l’idéal consolant auquel le jeune révolutionnaire se réfère dans ce passage n’est pas le bonheur identifié à l’absence de souffrance des stoïciens, mais l’estime de la postérité et une forme de vie après la mort que leur philosophie ne reconnaît pas.
La conviction qui est la sienne de mériter cette double destinée posthume est frappante et les termes qu’il emploie ne le sont pas moins : « la vie que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux ». Cette formulation lui permet de professer sa croyance en la justice tant humaine (« les siècles », renvoyant au renom qu’assure la postérité) que divine (« les cieux », séjour des âmes des justes). Avec le verbe pronominal se donner (« la vie que je me suis donnée »), elle dit aussi que Saint-Just doit son sort posthume à ses seuls efforts. S’il est certain que, lorsqu’il écrivit avec fierté « je défie qu’on m’arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux », le jeune Conventionnel avait à l’esprit son rôle dans la Révolution en cours, on se demandera auxquels de ses actes il songeait plus particulièrement.
Le contexte apporte sur ce point un vif éclairage. Le texte du feuillet, jusqu’au passage que nous examinons, a en effet été écrit à la suite de manière hâtive, ainsi que le montrent la couleur identique de l’encre et la graphie au modelé approximatif, comme si Saint-Just avait été pressé de porter sur le papier les idées qu’il venait d’avoir. Le Conventionnel ayant l’habitude de noter les pensées dont il avait l’intuition fulgurante ainsi qu’elles lui venaient à l’esprit, sur le papier qu’il avait sous la main et sans se préoccuper de cohérence, je me suis demandé si les institutions rédigées en haut du feuillet avaient pu lui donner l’idée de ce passage.
Quelle est la teneur de ces lignes ? La première porte « Celui qui frappe une femme est puni de mort », et les suivantes « Celui qui a vu frapper un homme une femme [comprendre : qui a vu un homme frapper une femme] et n’a point arrêté celui qui la frappait est puni d’un an de détention ». Puis, juste avant le passage que nous étudions, toujours de la même écriture, on lit : « L’univers sera opprimé jusqu’au dernier jour du monde si la sagesse était méprisée aujourd’hui. [un mot illisible] un bon cœur au-dessus de l’avantage même de régner par le génie du mal ». Le passage qui suit (« Lorsque la politique humaine attache sa chaîne aux pieds d'un homme libre qu’elle fait esclave au mépris de la nature et du droit de cité, la justice éternelle rive l’autre bout au cou du tyran ») n’est quant à lui ni de l’écriture de Saint-Just, ni de l’encre qu’il a utilisée pour le reste du feuillet. Son contenu anormalement faible pour une sentence de Saint-Just fait douter qu’elle soit effectivement de lui.
À examiner cette page en tenant compte de l’ordre dans lequel son texte a été rédigé, je comprends que Saint-Just a dans un premier temps noté deux institutions contre les violences faites aux femmes qui se complètent, puisque la première énonce la peine prévue pour le coupable et la seconde celle encourue par celui qui ne serait pas intervenu pour défendre la femme frappée [12]. Si la sévérité des peines que Saint-Just entendait proposer choque la sensibilité contemporaine, ces institutions visant à mettre fin aux violences exercées contre les femmes montrent aussi chez le jeune Conventionnel des idées très en avance sur son temps, que l’on doit qualifier de féministes. Leur audace et leur générosité ont certainement inspiré au jeune Conventionnel la remarque qu’il a ensuite écrite sur la nécessité de faire preuve « aujourd’hui » de sagesse et de bonté (« un bon cœur ») sous peine de voir perdurer à jamais les différentes formes d’oppression dont les violences subies par les femmes font évidemment partie.
Bien que Saint-Just l’ai noté sur la même page que les deux institutions contre les violences faites aux femmes, le développement commençant par « L’univers sera opprimé… » ne relève manifestement pas du projet institutionnel lui-même : il s’agit d’une réflexion destinée à être lue devant ses collègues de la Convention nationale, ainsi que l’indique la finale -ez de l’impératif des verbes du premier groupe que l’on distingue à la fin du mot qu’il n’a pas été possible de déchiffrer. Le rapport étroit que ce développement entretient avec les lignes précédentes conduit même à supposer que ce passage aurait dû prendre place dans le rapport introductif que Saint-Just avait prévu de prononcer à la tribune de la Convention avant d’y lire son Projet d’institutions. Ainsi, le complément de temps « aujourd’hui » renverrait au jour où Saint-Just aurait dû présenter ses Institutions, et le passage entier aurait une valeur injonctive en encourageant les Conventionnels à voter l’important texte qu’il leur soumettait.
Le passage qui suit cette injonction à faire preuve d’audace est celui que nous étudions : « Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle. On pourrait persécuter et faire mourir cette poussière, mais je défie qu’on m’arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux ». Le pronom « vous » utilisé dans la première phrase du passage montre que, malgré son contenu personnel et même intimiste, Saint-Just souhaitait l’insérer dans l’un de ses discours à la Convention nationale, très probablement dans le rapport qui aurait précédé la lecture du Projet d’institutions : ce passage a ainsi le même statut que les lignes précédentes. Comme elles également, il se comprend d’autant mieux que l’on tient compte des institutions que Saint-Just a notées en haut de la page. En effet, si on replace le passage dans ce contexte d’écriture, la fierté que Saint-Just y exprime n’est plus sans objet mais se comprend comme le sentiment éprouvé par le jeune révolutionnaire en s’apercevant que ses Institutions pourraient mettre fin à des formes d’oppression millénaires. Maximilien Robespierre, dans son discours du 8 thermidor, a exprimé un orgueil semblable lorsque, évoquant ce Projet d’institutions auquel il collaborait, il rappelle à ses ennemis que « ce grand objet » n’était aucunement leur œuvre [13].
Pour conclure, la forme singulière qu’adopte le « souci de soi » chez Saint-Just en 1794 n’est ni chrétienne ni stoïcienne : il est héroïque, et d’un héroïsme propre aux révolutionnaires de cette époque qui, au nom d’idéaux supérieurs, affrontèrent le risque d’être tués – c’est le sens de la célèbre devise « la liberté ou la mort » – mais avaient aussi la certitude d’une rétribution posthume. Saint-Just était particulièrement attaché à l’idée d’une justice rendue par la postérité, lui qui prévoyait dans ses Institutions républicaines que soient « déposé[s] dans le Panthéon des livres où seront inscrits les noms de tous ceux de la génération présente qui ont concouru à la Révolution et auront souffert ou seront morts pour elle » [14]. Nous avons vu également que le mérite particulier que se reconnaît Saint-Just et qui lui donne droit à la reconnaissance de la postérité, d’après ce passage et son contexte, est d’être le rédacteur de l’ambitieux projet d’institutions qui, en organisant pour la totalité du peuple les moyens de son émancipation, devait donner à la Révolution sa vraie dimension. L’importance de ce texte explique qu’il ait tenu à le préserver de sa destruction ou de sa dénaturation par les Thermidoriens en le remettant à des « mains sûres » [15] dans les heures qui précédèrent le coup d’État du 9 Thermidor.
[1] Le souci de soi fait l’objet du troisième volume de son Histoire de la sexualité. Dans L’Herméneutique du sujet. Cours au Collège de France 1981-1982, il le présente comme « l’ensemble des conditions de spiritualité, l’ensemble des transformations de soi qui sont la condition nécessaire pour que l’on puisse avoir accès à la vérité »
[2] Bibliothèque nationale de France, manuscrit coté NAF 24136, feuillet 23 (en bas).
[3] Par exemple, Œuvres complètes de Saint-Just, édition établie par Michèle Duval, Gérard Lebovici, 1984, Paris, p. 986 ; Saint-Just, Œuvres complètes, édition établie et présentée par Miguel Abensour, Paris, Gallimard, 2004, p. 1105.
[4] « Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle. On pourrait la persécuter et faire mourir cette poussière, mais je défie qu’on m'arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux » est la leçon adoptée par les éditeurs modernes (souligné par moi). Dans la seconde phrase, le pronom « la » et le déterminant démonstratif « cette » (dans « cette poussière ») remplissent la même fonction de reprise du groupe nominal de la première phrase « la poussière », ce qui n’est pas recevable grammaticalement. En revanche, les propositions « On pourrait la persécuter et la faire mourir » et « On pourrait persécuter et faire mourir cette poussière » sont correctes syntaxiquement. Le système des ratures m’a amenée à retenir la seconde formulation.
[5] Bibliothèque nationale de France, manuscrit coté NAF 24136, feuillet 55 recto. Cette page appartient à un ensemble de feuillets de natures diverses relié à la fin du manuscrit du Projet d’institutions.
[6] Louis Jean de Saint-Just est décédé en 1777 alors que le futur révolutionnaire n’avait que dix ans. Ce document est le seul de ceux qui nous sont parvenus dans lequel Saint-Just mentionne son père.
[7] Organt parut en 1789. On pourrait aussi mentionner ce passage de l’Esprit de la révolution et de la Constitution de France datant de 1791 : « Les premiers Romains, les premiers Grecs, les premiers Égyptiens furent chrétiens. Ils avaient des mœurs et de la charité : voilà le christianisme. Ce qu'on appela les chrétiens depuis Constantin ne furent la plupart que des sauvages ou des fous » (Troisième Partie, Chapitre XIX).
[8] Cette réplique extraite de la Médée de Corneille est pour Boileau un modèle de sublime (Longin, Traité du sublime, édition de Francis Goyet, Le Livre de poche, 1995, p. 150-151, en annexe).
[9] Morales du grand siècle, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1988, p. 29-30.
[10] Pour cet aspect de la vie de Saint-Just, on se reportera à mon article sur le poème de Saint-Just intitulé Vers à M. Dorfeuille publié dans les Annales historiques de la Révolution (n° 400, avril-juin 2020, p. 31-50) et sur mon site.
[11] Cette phrase du Manuel est empruntée à l’Apologie de Socrate de Platon qui la place dans la bouche de son maître. Anytos et Melétos sont deux des trois hommes qui avaient porté plainte contre Socrate. La citation se trouve sous cette forme à la page 139 de cette édition du Manuel d’Epictète antérieur de quelques années à la Révolution : « Anytus et Mélitus peuvent bien me faire mourir ; mais ils ne sauraient me nuire ».
[12] Par leur contenu et leur style, ces deux phrases appartiennent de toute évidence au projet des Institutions républicaines. De même que les institutions des feuillet 20, 21, 24 à 28 et la plupart de celles du feuillet 41, elles devaient entrer dans la partie regroupant les « institutions morales ». Dans l’édition que j’ai réalisée des Institutions républicaines, j’ai aussi réuni dans cette partie les institutions portant sur les fêtes, les cultes et les funérailles, conformément au plan de Saint-Just et aux discrètes indications qu’il a portées sur ces feuillets.
[13] « Ceux qui vous disent que la fondation de la République est une entreprise si facile, vous trompent, ou plutôt ils ne peuvent tromper personne. Où sont les institutions sages, où est le plan de régénération qui justifient cet ambitieux langage ? S’est-on seulement occupé de ce grand objet ? Que dis-je, ne voulait-on pas proscrire ceux qui les avaient préparées ? » (Œuvres complètes de Maximilien Robespierre, M. Bouloiseau et A. Soboul dir., Paris, Presses Universitaires de France, tome X, 1967, p. 568).
[14] Projet d’institutions, feuillet 17.
[15] C’est ce qu’expliquent les premiers éditeurs de ce manuscrit : « Saint-Just avait déposé dans des mains sûres les notes et les idées élémentaires du projet qu’il comptait soumettre lui-même à la Convention nationale. Il prévoyait que bientôt, accablé par les factions, qui, pour s’absoudre elles-mêmes, ne manquent jamais de calomnier ceux qu’elles ont immolés, il aurait besoin au tribunal de la postérité, de cet irréfutable témoin de ses principes et de sa vertu » (« Avant-propos des premiers éditeurs » in Saint-Just, Fragmens sur les institutions républicaines, Paris, Techener, 1831, p. 18-19).