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Florilège sur les femmes, l’amour et le mariage

À la demande d’une bibliothèque, j’ai réalisé le mois dernier une courte anthologie de citations de Saint-Just portant sur l’amour, le mariage et les relations entre les hommes et les femmes. On trouvera ce florilège ci-dessous. Les extraits choisis couvrent la période 1792-1794 et sont représentatifs de la réflexion de Saint-Just sur ces sujets. On pourra s'en faire une idée plus complète en consultant le catalogue de l’exposition « Derrière chaque écrivain, des femmes » dont les pages 33 à 35 sont consacrées à Saint-Just, ainsi que l’article  écrit avec Pierre-Yves Glasser « De la haine des rois à la communauté des affections : les ressorts d’une politique républicaine selon Saint-Just » disponible sur mon site Internet consacré au révolutionnaire (rubrique Pensée politique).

 

Réflexions diverses (1792)

« Pour être heureux avec les femmes, il faut les rendre heureuses sans le leur faire sentir, les laisser absolument libres sans s’en faire apercevoir. Celui qui veut régner sur ceux avec lesquels il vit doit leur céder tout. »

« Les hommes ne sont tous en guerre que parce qu’ils sont esclaves l'un de l'autre. Si vous voulez être indépendant de tout le monde, laissez tout le monde indépendant. Celui qui veut rendre une femme contente doit l'abandonner à elle-même. »

 

Du Droit social (1792)

« Une femme ne peut s’unir à ce qu'elle aime sans se donner un maître, c'est là le moindre de ses maux ; mais si on l'unit à ce qu'elle n'aime point, ou si elle n'aime plus ce qu'elle ne doit plus aimer, et si dans cet esclavage une main tendre essuie ses larmes, cette femme est coupable, elle est adultère, mais la loi l’est plus qu'elle. […] Le contrat par lequel une femme est donnée [i. e. le contrat de mariage] ne viole point seulement la nature, il viole sa pudeur et son repos. Une vierge innocente entend parler de ses enfants, de sa mort même : la loi se rend témoin de ses faveurs, de ses caresses, et lui marque déjà son tombeau. »

« Nul ne doit commander sur la terre, toute puissance est illégitime. Aucun sexe ne doit être au-dessus de l'autre. La nature du mariage est que l'homme et la femme s'unissent librement et engagent leur possession à la même condition et tant qu'il leur plaira. »

Institutions républicaines (1794)

« Nul ne peut gêner l’inclination de son enfant, quelle que soit sa fortune. »

« L’homme et la femme qui s'aiment sont époux. S'ils n'ont point d'enfants, ils peuvent tenir leur engagement secret ; mais si l’épouse devient grosse, ils sont tenus de déclarer au magistrat qu’ils sont époux. »

« Ce qu'ils apportent, ce qu'ils acquièrent entre dans la communauté. Ils ne s'unissent point par un contrat mais par tendresse, et l'acte de leur union ne constate que leurs biens mis en commun, sans aucune clause. S'ils se séparent la moitié de la communauté leur appartient, ils la partagent également entre eux. L'autre moitié appartient aux enfants. » 

« Tous les ans, le 1er floréal, le peuple de chaque commune élira un jeune homme riche vertueux et sans difformité, âgé de vingt et un ans accomplis et de moins de trente ans, qui choisira et épousera une jeune fille pauvre en mémoire de l’égalité humaine. »