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Sur un monument public de Noyon datant du XVIIIe siècle

Les monuments publics en l’honneur des rois de France que Saint-Just vit dans les rues ou sur les places de Paris furent tous détruits au cours des journées qui suivirent la prise des Tuileries, à l’exception de quelques vestiges conservés aujourd’hui au Louvre (les nations enchaînées de la statue de Louis XIV place Vendôme, les captifs de la statue de Henri IV sur le pont Neuf) et au musée Carnavalet (plusieurs fragments de cette dernière statue).  Mais qui passe par Noyon peut y admirer l’un des rares monuments que connut Saint-Just à être toujours debout à l’emplacement où il se trouvait au XVIIIe siècle. Nous savons en effet de façon certaine que Saint-Just se rendait souvent à Noyon, la ville la plus proche de Blérancourt, d’où le jeune homme postait habituellement son courrier [1] et où était installé le libraire Jean-Frédéric Devin qu’il fréquentait au début de la Révolution. C’est ce monument noyonnais connu sous le nom de fontaine du Dauphin [2] que je vais présenter dans cet article en m’attachant à mettre en évidence les transformations qu’il a subies au cours des âges.

       Cette fontaine monumentale fut édifiée en 1770 [3] sur la place de l’Hôtel de Ville de Noyon qui, au XVIIIe siècle, s’appelait aussi place du Marché aux Herbes ou, parfois, Grand’Place, afin de commémorer le mariage du Dauphin, le futur Louis XVI, et de Marie-Antoinette. Le monument est l’œuvre d’un élève de Guillaume Coustou, le sculpteur François Masson (1745-1807) qui en 1770 était au tout début de sa carrière [4]. Il lui fut commandé par l’évêque-comte de Noyon Charles de Broglie désireux, avec cette fontaine, de remercier les Noyonnais pour leur accueil chaleureux après qu’il se fut longtemps absenté à cause d’une maladie. Charles de Broglie borna d’ailleurs sa générosité au projet de fontaine et à sa construction car il demanda que la ville mette à la disposition du sculpteur et des artisans les matériaux nécessaires [5]. Si le monument voulu par Charles de Broglie était neuf, la fontaine ne l’était pas puisqu’elle remplaça une fontaine de la fin du XVe siècle ayant été refaite au XVIIe siècle située au même emplacement, qui était alors fort délabrée [6].

       Ainsi que nous allons le voir, la fontaine du Dauphin a subi des transformations importantes dès la Révolution et, plus encore, au cours du XXe siècle. Un passage des Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, civile et militaire de la province de Vermandois [7] de Louis-Paul Colliette parus en 1772 va nous servir de guide pour connaître l’aspect de la fontaine du Dauphin juste après son érection et dans les décennies suivantes.

       Sa description commence par l’obélisque qui la surmonte : « Sa figure carrée a ses angles perpendiculaires à ceux du piédestal ; son élévation a trente pieds [dix mètres] de hauteur, et se termine par une boule dorée, surmontée d’une croix aussi dorée qui a trois pieds [un mètre] de proportion. Un ciseau bien conduit a fait, sur le devant, le médaillon du Roi, soutenu par un écorché, c’est-à-dire un mufle de Lion, et sa peau, symbole de la force. Sur le côté opposé, le chiffre du Monarque tient à un anneau par un nœud d’amour ; et des lys l’entourent de toutes parts. Sur l’une des deux autres faces sont les armes du Dauphin ; et sur l’autre, celles de l’Empire et de la Maison d’Autriche ».

       Louis-Paul Colliette décrit ensuite les personnages sculptés placés au bas de l’obélisque et explique leur sens : « Aux pieds de l’obélisque, sur le devant et à la droite du monument, se voit la France couverte de son casque, ses attributs à ses côtés, offrant à l’Empire le médaillon de son Prince. L’Empire, sur la gauche du monument et parallèlement à la France, reçoit, avec accueil, le médaillon présenté, et place d’une main le médaillon de sa Princesse en accolade avec celui du Prince ; de l’autre main, il montre à l’Univers la couronne de l’Immortalité, symboles des vœux que font les deux Royaumes pour le bonheur et la prospérité de l’hymen qui les intéresse. Ces deux figures ont neuf pieds de proportion, sont à genoux, et penchées d’une manière noble et gracieuse. L’opposite présente un enfant ailé (symbole de l’innocent amour) qui caresse un agneau, posé à droite. Le chien, cet animal toujours vigilant, est à gauche aux pieds de l’enfant. Son carquois, ses flèches, jetés par terre, ne l’occupent plus : il ne fait ses délices que de la douceur et de la fidélité ».

       Cette photographie du site Monumentum montre l’aspect actuel de la face avant de l’obélisque et cette autre sa face opposée. On voit aisément sur la première photographie que les deux médaillons – celui tenu par la dépouille de lion et ceux figurant les profils de Louis XVI et de Marie-Antoinette – sont modernes, et il en va de même pour les autres éléments sculptés renvoyant à la royauté. Les différents symboles monarchiques furent en effet martelés lors de la Première République puis, pour une partie d’entre eux, réinstallés sur le monument au siècle suivant. Un article du Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons [8] nous apprend en effet que le sculpteur Louis-Auguste Hiolin fut chargé en 1875 de refaire les médaillons de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Vers la même époque, l’architecte et inspecteur de travaux historiques Zacharie Rendu (1832-1897) restaura lui aussi la fontaine. Se contenta-t-il de rétablir les symboles royaux détruits sous la Révolution ou sa restauration de l’obélisque fut-elle plus étendue ? Je n’ai pas trouvé, sur Internet du moins, de document indiquant quelle fut l’ampleur de son intervention [9].

       En revanche, il est possible d’affirmer que les restaurations de l’obélisque réalisées au cours du XXe siècle ont profondément modifié l’état qui était le sien au début du siècle. Une rapide comparaison des deux allégories de la face avant de l’édifice au début du XXe siècle et aujourd’hui suffit pour constater que ces sculptures sont différentes : le cimier à aigrette en plumes du casque de l’allégorie de la France est, par exemple, plus haut, et la tête de la seconde allégorie plus tournée vers l’arrière sur la seconde image.

       Ces différences m’ont amenée à vérifier si, comme l’indique l’inventaire général des monuments des Hauts-de-France, la fontaine du Dauphin fut « relativement épargnée pendant la Première Guerre mondiale ». Jusqu’en 1918, la fontaine du Dauphin est préservée, comme on le voit sur cette carte postale montrant l’occupation allemande. Les bombardements alliés qui, à partir du printemps 1918, détruisirent quatre-vingts pour cent de Noyon endommagèrent fortement la fontaine mais sans la mettre à bas. Cette carte postale montre ainsi, outre la disparition du décor du piédestal et les nombreux impacts sur l’obélisque, que l’allégorie de la France se trouva décapitée de toute sa partie haute, et que celle de l’Empire perdit également sa tête. À l’arrière du monument, la tête de l’enfant figurant l’Amour fut elle aussi brisée. Sa restauration n’est pas plus satisfaisante que celle des allégories, le nouveau visage du putto étant particulièrement disgracieux [10].

       Colliette décrit ensuite le piédestal de l’obélisque et le bassin de la fontaine tels qu’ils se présentaient au XVIIIe siècle : « Le piédestal de l’obélisque a douze pieds [quatre mètres] de hauteur, quatre [un mètre et trente centimètres] de base, sept [deux mètres et trente centimètres] de forme, et un [trente centimètres] de corniche. Chaque coin a deux points carrés : entre ces deux points, sont des figures en plomb doré, de sept pieds de proportion [deux mètres et trente centimètres], qui représentent les quatre Vertus cardinales », à savoir la Prudence, la Justice, la Force et la Tempérance.

       Les quatre statues que l’on voit désormais aux arrêtes du piédestal ont remplacé celles d’origine qui furent enlevées et fondues, par les Allemands semble-t-il, entre mars et août 1918 [11]. Les nouvelles statues des Vertus sont en terre cuite, ainsi que la disparition de leur dorure le laisse voir, et de réalisation moins fine que ne l’étaient celles en plomb. Les statues du piédestal n’étaient d’ailleurs pas les seuls ornements de la fontaine fabriqués dans ce métal car les cartes postales prises après la Première Guerre mondiale montrent un piédestal privé de son décor de guirlandes de fleurs et de fruits et de ses deux dauphins crachant l’eau qui, eux aussi, furent fondus.

       Louis-Paul Colliette achève ainsi sa description de la fontaine : « Tout ce monument s’élève et sort d’un bassin magnifique, de quatre pieds [un mètre et trente centimètres] de proportion, sur vingt-quatre pieds [huit mètres] de diamètre, et taillé en octogone, dans lequel l’eau reste toujours à même niveau, au moyen des soupapes pratiquées dans le fond, et qui laissent couler l’eau dans le bassin, proportionnément à ce que les Dauphins peuvent en fournir. On peut aussi, par les mêmes soupapes, vider toute l’eau du bassin, en moins d’un quart d’heure, pour les cas d’incendie, d’écurement, etc. Autour du bassin, à quatre pieds [un mètre et trente centimètres] de distance, sont plantées des bornes de grès, piquées et enchaînées les unes aux autres, afin de parer le bassin des inconvénients de la foule, des voitures, etc. »

       Si le beau bassin octogonal en pierre blanche de la fontaine du Dauphin paraît bien être celui bâti au XVIIIe siècle [12]les bornes ont disparu et les dauphins en terre cuite qui ont remplacé ceux de plomb ont un aspect curieux, d’après cette photographie publiée par la municipalité de Noyon le 20 juin dernier… La forme bizarre des dauphins est en fait due à l’usure ou au bris que les a endommagés : une photographie prise à la fin des années 1970 ou au début des années 1980 montre que, juste après leur restauration, les dauphins étaient assez semblables à ceux que l’on voit sur les cartes postales du monument du début du XXe siècle.

       Il me reste à parler des deux inscriptions latines que le monument porta jusqu’à la Révolution. Voici ce que Colliette nous apprend de la première : « Au-dessous de l’allégorie, sur la principale face  [du monument] qui est tournée vers la descente de la rue de l’Evêché, sur la grand’place, on voit l’écusson de Broglie dans un cartel à l’antique, au-dessous duquel on lit cette inscription, en lettres d’or, sur un marbre noir : Ludovico XVRegiisque Sponsis, Ludovico-Augusto, Delphino, & Mariæ-Antoniæ-Josephæ, Archiducissae, (Gallorum et Austriacorum priscâ amulatione in amicitiam versá) : Episcopus et Civis Noviomensis votum nuptiale nuncupant. M. DCC. LXX. » L’inscription peut être traduite de la façon suivante : À Louis XV et aux époux royaux Louis-Auguste, Dauphin, et Marie-Antoinette-Josèphe, Archiduchesse, l’antique rivalité des Français et des Autrichiens s’étant changée en amitié, l’évêque et la cité de Noyon adressent leurs vœux d’heureux mariage, 1770. La seconde inscription est présentée en ces termes : « Sur le côté opposé est placé l’écusson de la ville de Noyon ; et au-dessous, une tablette de marbre noir, avec cette légende : Perennitati Domûs Augustæ Capetiorum ab annis DCC.LXXXXIV. regnantis civitas Noviomea quæ prima omnium se Hugoni Capeto dedidit ; avitæ ac perpetuæ ergà Regem fidei monumentum posuit. Favente D. D. Carolo de Broglie, Episcopo, Comite Noviomensi, & Pari Franciæ : Ædilibus urbis Bl. Tondu, J. C. F. d’Artois d’Olezi, P. Caillet, C. Reneusve. » Sa traduction mot-à-mot donne : À la perpétuité de l’auguste maison des Capétiens régnant depuis sept cent quatre-vingt-quatorze ans, la ville de Noyon, qui la première s’est donnée à Hugues Capet, a élevé ce monument en témoignage de son ancestrale et éternelle fidélité au roi, sous le patronage de S. G. Charles de Broglie, évêque, citoyen de Noyon et pair de France, et des édiles de la ville Bl. Tondu, J. C. F. d’Artois, P. Caillet, C. Reneusve.

       Saint-Just connut ces inscriptions qui, en 1793 ou 1794, furent remplacées par deux plaques portant, l’une, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et, l’autre, la Constitution de l’an I à laquelle il prit une si grande part. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le jeune membre du Comité de salut public ait vu ce décor républicain lorsqu’il vint une dernière fois à Noyon les 12 et 13 floréal an II (1er et 2 mai 1794) [13]. Les plaques révolutionnaires furent à leur tour ôtées et remplacées par d’autres. Ainsi, nous savons qu’en 1851 la fontaine était ornée de plaques dont les inscriptions consistaient en des rappels historiques monarchistes, plaques qui s’y trouvaient toujours en 1885 [14]. En scrutant les cartes postales antérieures à la Première Guerre mondiale, il m’a semblé, sans en être certaine, que ces inscriptions étaient encore présentes au début de la Première Guerre mondiale. Le piédestal de la fontaine demeura après la guerre sans ornements et sans plaques jusqu’à la dernière restauration de la fontaine qui eut lieu de 1967 à 1979. Les plaques qui y sont aujourd'hui fixées datent de cette restauration, de même que les statues des Vertus, les guirlandes et les dauphins.

       Si la fontaine du Dauphin est l’un des rares monuments que vit Saint-Just encore en place, elle a donc subi un ensemble important de modifications et de restaurations (rénovation de l’obélisque et de ses sculptures allégoriques, transformations de la symbolique monarchiste, réfection intégrale dans un nouveau matériau du décor du piédestal, changements des deux plaques de marbre et de leurs inscriptions, installation d’une nouvelle croix au sommet du monument). Pour se faire une idée plus exacte de l’aspect du monument à l’époque où Saint-Just le connut, il est possible de s’aider d’un dessin des années 1780 intitulé Vue de la place de l’hôtel de ville de Noyon [15]. Ce dessin de Tavernier de Jonquières a d’abord l’intérêt de placer la fontaine du Dauphin entourée de ses bornes de grès dans son environnement urbain du XVIIIe siècle, notamment l’hôtel de ville de Noyon à droite sur le dessin. La comparaison de l’aspect actuel de la fontaine avec ce dessin permet également de relever d’autres insuffisances de sa restauration : la croix et sa boule de support assez différentes de ce qu’elles étaient au XVIIIe siècle, le chiffre de Louis XVI sur l’obélisque mal restitué, et l’écusson de la ville de Noyon placé devant les pieds de l’Amour qui a disparu (sur la face opposée, « l’écusson de Broglie dans un cartel à l’antique » n’a pas non plus été reproduit). Enfin, le dessin de Tavernier de Jonquières offre un aperçu sur les plaques de marbre noir et la disposition de leurs inscriptions dorées (la plaque que le dessinateur a esquissée est celle commençant par « Perennitati Domûs Augustæ Capetiorum… »[16].

       Pouvons-nous supposer, d’après les conclusions de mon précédent travail, que Saint-Just aimait ce monument qui, même très abimé, n’est pas dénué de charme ? Il faut d’autant plus se montrer prudent que, dans ses écrits, Saint-Just ne dit rien du type particulier de construction monumentale que sont les fontaines. Néanmoins, il est clair que la fontaine du Dauphin correspond mal à l’idéal de statuaire que le jeune révolutionnaire promeut lorsqu’il écrit le chapitre « Des monuments publics » de l’Esprit de la Révolution et de la Constitution de France. Tout d’abord, il n’est pas plausible qu’à ses yeux le mariage de Louis XVI ou l’alliance avec l’Autriche ait pu constituer l’un de ces événements intéressant le sort de l’humanité qui, selon lui, justifient l’édification d’un monument public. Ensuite, du point de vue formel, l’« obélisque pompeux » – pour reprendre une expression de Colliette qui, sous la plume de cet auteur, n’est pas péjorative – de la fontaine du Dauphin paraît peu susceptible de satisfaire l’admirateur de la simplicité et de la hardiesse de conception du monument à Pierre Ier qu’était Saint-Just. La fontaine du Dauphin, en effet, manque d’originalité tant dans son ornementation que dans sa composition qui reprend celle de la fontaine de la place d’Alliance à Nancy [17]. En dernier lieu, il semble improbable que Saint-Just ait pu considérer favorablement les inscriptions flatteuses et inutilement prolixes que portait le piédestal de la fontaine du Dauphin avant la Révolution.



[1] Certaines des lettres de Saint-Just ont été expédiées de Noyon, par exemple sa lettre à Robespierre du 19 août 1790 qui porte le cachet postal de cette ville. Mais Saint-Just utilisait aussi le bureau de poste de Soissons, comme pour la lettre non datée qu’il adressa à Desmoulins entre le 17 et le 20 mai 1790 (cf. Anne Quennedey, Un sublime moderne : l’éloquence de Saint-Just à la Convention nationale (1792-1794), Paris Sorbonne, dactylographié, 2013, volume III, p. 139-146). D’après L’Ancien Noyon d’Alfred Ponthieux paru en 1912 (Chauny, A. Sevin, p. 245), avant les destructions de la Première Guerre mondiale, le bureau de poste de Noyon était dans l’hostellerie Saint-Claude près de la place de l’Hôtel de Ville où se trouve la fontaine du Dauphin.

[2] L’appellation « fontaine du Dauphin » est tardive. Je n’en ai pas trouvé d’occurrence avant la seconde moitié du XXe siècle.

[3] Il est probable qu’elle n’ait été achevée qu’en 1771.

[4] On trouvera son projet de monument à Jean-Jacques Rousseau datant de 1799 sur le site du musée du Louvre. Pour une présentation de l’œuvre de François Masson, on peut consulter l’article de Jeanne Lejeaux, « François Masson sculpteur » (La Revue de l’ArtRevue de l’art ancien et moderne, n° 337, juin 1932, p. 3-16 et p. 127-138).

[5] C.-A. Moët de La Forte-Maison, Antiquités de Noyon ou Étude historique et géographique, archéologique et philologique des documents que fournit cette ville à l’histoire des cités gallo-romaines et féodales de France, Rennes, Anciennes librairies Vatar et Jausions, 1845, p. 459. Nicolas Joachim Hebau, fils d’un fondeur parisien alors dans la ville, fut chargé de réaliser les statues et décors en plomb. Le maître maçon noyonnais Eloy Hublat réalisa quant à lui le montage des parties de la fontaine.

[6] « La première fontaine construite à cet emplacement est réalisée, entre le mois de juin 1492 et la fin de l'année 1493, par Jean Tierselain, religieux du couvent des Célestins de Soissons. Dès 1559, elle subit d’importantes transformations, avant d'être reconstruite sous l’épiscopat d’Henri de Baradat (1626-1660).  La fontaine se présentait alors sous la forme d’un bassin hexagonal ayant en son centre une colonne couverte d'un semis de fleurs de lys, supportant une vasque de cinq pieds et demi de diamètre, elle-même couronnée d’un obélisque de trois pieds et demi de hauteur » (site de l’inventaire général des monuments des Hauts-de-France). Cinq pieds et demi correspondent approximativement à un mètre et quatre-vingts centimètres, et trois pieds et demi à un mètre et quinze centimètres.

[7] Louis-Paul Colliette, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, civile et militaire de la province de Vermandois, Cambrai, Samuel Berthoud, tome III, 1772, p. 97-99. Les extraits de cet ouvrage cités ensuite ont leur ponctuation conservée mais l’orthographe est modernisée.

[8] Tome XIII, 1885, p. 92-93.

[9] La notice de l’inventaire général des monuments des Hauts-de-France est incohérente sur ce point puisqu’elle indique successivement, et sans autres précisions, que la fontaine fut « restaurée » par Zacharie Rendu puis que « l’édicule a été reconstruit » par l’architecte.

[10] La restauration de la fontaine du Dauphin fut tardive mais des réflexions pour la remettre en état furent menées durant l’entre-deux-guerres. On trouve ainsi au musée du Noyonnais une étude en plâtre de Marcel Gaumont (1880-1962) qui daterait des années 1930 documentant les premières pistes de restauration qui furent finalement écartées (à voir ici et ici).

[11] Jeanne Lejeaux, « François Masson sculpteur », La Revue de l’ArtRevue de l’art ancien et moderne, n° 337, juin 1932, p. 10.

[12] Colliette précise au début de passage que, pour bâtir le bassin, « les pierres les plus fines » furent transportées par bateau des carrières de Conflans « dont la douceur du grain et la blancheur sont connues ».

[13] Cf. le début de la lettre de Philippe Le Bas à son épouse Elisabeth datée de Noyon le 13 floréal en II : « Nous sommes arrivés hier. Saint-Just et Thuillier nous ont quittés, l’un pour aller voir sa mère, l’autre pour aller voir sa femme, qui demeurent peu loin de Noyon. Ils reviennent ce matin et nous comptons tous aujourd’hui aller à Réunion-sur-Oise » (Stéfane-Pol, Autour de Robespierre. Le Conventionnel Le Bas d’après des documents inédits et les mémoires de sa veuve, Paris, Ernest Flammarion, 1901, p. 246).

[14] Ces inscriptions étaient : « En cette ville / Chilpéric II fut inhumé / l’an 721 / Charlemagne sacré / 768 / Hugues Capet élu roi / 987 » et « Cette fontaine / fut érigée en MCCCCXCII / fut restaurée en MDCCLXX / par la munificence / de Monseigneur Ch. De Broglie / évêque, comte de Noyon / pair de France » (Louis Graves, Précis statistique sur le canton de Noyon, arrondissement de Compiègne, sans éditeur, 1851 p. 130). Vers la même époque, la fontaine était ornée de médaillons contenant les bustes de Henri IV et Louis XVIII, exécutés après la Restauration (Bulletins de la société des antiquaires de Picardie, tome VI, 1856, p. 171).

[15] On trouvera sur Wikipédia une photographie récente prise selon un angle proche du dessin de Tavernier de Jonquières qui montre que le tissu urbain autour de la fontaine a beaucoup changé, notamment à cause des bombardements de 1918.

[16] Je signale aussi cette gravure éditée en 1833 qui comporte des erreurs mais offre l’intérêt de présenter l’animation régnant autrefois autour des fontaines. On aura remarqué le petit drapeau tricolore en haut de l’obélisque. Est-ce là une fantaisie ou, au contraire, une chose vue ? 

[17] Je dois cette remarque à Jeanne Lejeaux (« François Masson sculpteur », op. cit., p. 12).